Nous sommes le 21 avril, il est temps de faire un point avec Kévin sur son premier vrai hiver à la ferme. Voici son bilan. Si vous souhaitez connaître son parcours qui l’a mené à l’installation, voici l’épisode 1.
Bilan de la première saison des vêlages
Nombre de vêlages : 99 dont 72 génisses
Organisation des animaux en trois lots durant la période de vêlages : taries // vaches au tank // fraîches vêlées de 5 jours
Les dates
Période de vêlages prévue : du 1er février à fin mai pour cette année, finie le 15 avril pour 2022
80 vêlages prévus en février et mars
Début des vêlages le 4 février et regroupement des vaches et des génisses le 25 février
Reproduction
Au 21 avril :
– il reste 8 vêlages, dont 6 holstein pour mi-mai et 2 prévus pour fin avril, correspondant aux dernières remises au taureau en juillet ;
– suivi des chaleurs avec peinture : 40 vaches sur 90 traites ont leurs chaleurs ;
– début des inséminations le 3 mai.
Interventions vêlages : 2 interventions sur vêlage
Mortalité : 1 vache suite péritonite (900 euros de frais véto)
Stratégie au tarissement : sécuriser un maximum pour éviter les soucis et les interventions :
- à l’automne 2020, prises de sang sur un échantillon représentatif du troupeau pour établir le profil en oligo-éléments : des carences sont révélées ;
- les carences sont traitées avec des bolus à effet sur 8 mois pour tous les animaux ;
- bonne gestion de l’alimentation pour éviter l’engraissement : les génisses ont vêlé en état et les holstein de l’ancien troupeau une note d’état en dessous ;
- sel et magnésium à volonté.
Prix des bolus : 100 euros les 20 bolus pour 180 jours, soit 10 euros/animal (2 bolus), donc 5 centimes par jour et par animal.
Fonctionnement du bolus : le donner en novembre pour que l’organisme commence à intégrer les oligo-éléments l’hiver, dans le rumen. Impact sur le vêlage et aussi sur la vitalité du veau. L’effet peut durer jusqu’à la reproduction.
Résultat : 0 fièvre de lait
Mortalité des veaux
12 veaux morts :
– 8 appartenant à des génisses : mise bas début février, dans la période de froid (vent et pluie), et des génisses peu maternelles, retrouvés morts au matin ;
– 2 de fièvre Q ;
– 2 morts quelques jours après.
Le 25 février : regroupement des vaches et des génisses sur la même parcelle pour les vêlages. À partir de ce moment, il n’y a plus eu de veau mort. Une des vaches très maternelle a pris en charge les veaux et, de ce fait, a aussi stimulé les génisses. Cependant, la vache va être réformée car elle est lente et leucocytaire.
Remarques de Kévin :
– les premières génisses ont vêlé dans les coins les plus sales ;
– Kévin ayant mal géré le bale grazing, certains coins de la parcelle étaient vraiment sales et abîmés.

Gestion du bale grazing
L’année dernière, Kévin n’avait pas assez d’animaux, il a donc valorisé l’herbe en enrubannage pour cet hiver. Cependant, il a mal géré son bale grazing.
Fin du bale grazing le 25 février, ensuite en distribution tous les jours jusqu’au 15 mars, puis tout herbe.


L’erreur de Kévin a été de mettre seulement 9/10 m2 par génisse/jour et 11 m2 pour les prim’holstein, alors qu’il faut plutôt compter 17 m2 minimum par animal. Les vaches ont beaucoup piétiné, les unes sur les autres.
Conséquences :
- effet de compétition ;
- salissement des parcelles ;
- obligation de ressemer 7 ha en mars alors que ce n’était pas prévu ;
- les 7 ha poussent difficilement au vu des conditions climatiques : températures basses et peu de pluie par rapport à l’année dernière, vent fort et froid.
Production de lait
Fermeture de la salle de traite le 29 novembre 2020
Première traite : le 4 février
Février : 2000 l vendus
Mars : 15 000 l vendus
Avril : 30 000 l vendus
En avril, la production s’élevait à 14 l/vache/jour en monotraite, avec 70 % de génisses dans le troupeau. Les génisses sont en bon état, ce qui permet d’avoir un taux de retour en chaleurs satisfaisant.
Objectif à atteindre : 250 000 litres livrés
Les cellules
Février/mars : 700 000 cellules = pénalités de la laiterie
Kévin a eu le réflexe d’explorer trois pistes :
- l’alimentation : de ce côté, il est performant ;
- le courant parasite : rien à signaler ;
- l’eau : l’analyse a révélé la présence d’Escherichia coli dans un bac à eau.
Les cellules sont retombées à 140 000 une fois le bac nettoyé.
Marche à suivre : organiser le nettoyage des bacs plus rigoureusement, 2 à 3 fois par an.
Conséquences sur le troupeau : encore aujourd’hui, sept vaches ont des difficultés à s’en remettre, avec un système immunitaire affaibli. Kévin va faire analyser les quartiers pour choisir entre traitement ou arrêt de la traite du quartier.
Les veaux
Objectif : les sortir le plus vite possible, hormis les veaux vendus à 15 jours.
Organisation :
Tous les matins, Kévin passe dans les pâtures pour récupérer les veaux après qu’ils ont tété le colostrum. Ensuite, il les place dans une case collective pendant deux jours pour les former à la tétine. Enfin, il les renvoie dans les pâtures et ils boivent au bac à tétines. Les veaux prennent deux repas par jour au bac à tétines, puis assez vite un seul repas par jour (8 litres ingérés en un repas).
Cette année, les clôtures n’étant pas finies, les veaux sont sortis le 1er mars, même ceux nés depuis le 1er février.
Suivi des pesées des génisses
Avec deux amis utilisant le même système, Kévin a investi dans une barre de pesée pour suivre les génisses.
- Pesée au 1er février : léger retard (bale grazing en décembre/janvier), donc complémentation avec un peu d’enrubannage jusqu’au 10 février, puis tout herbe.
- Pesée au 9 avril : 3 semaines d’avance sur le poids prévu au 1er mai (270 kg), soit 1,2 kg de GMQ depuis la pesée précédente. Elles sont matures pour la mise à la reproduction le 1er mai.
La pesée des veaux a lieu mi-avril, le sevrage à 100 kg est respecté à 3 mois.
Gestion de l’herbe
Objectif déprimage : fin au 31 mars
Comment gérer les rotations et la taille des parcelles quand le nombre de vaches augmente tous les jours, surtout pendant la période de déprimage ?
Kévin a utilisé un outil développé par Dairy NZ sur les conseils d’un ami qui l’utilisait sur place : le « Spring Rotation Planner » (disponible sur internet). Selon les objectifs et le nombre d’animaux, l’outil permet de déterminer la quantité à donner par jour et par semaine, la surface nécessaire et, éventuellement, les besoins en complémentation avec du fourrage distribué.
En conclusion, pour ne pas aller trop vite en sortie d’hiver, au début du déprimage, il faut parfois complémenter avec de l’enrubannage.
Kévin a suivi le protocole en février et en mars, ce qui lui a permis d’être serein, il savait où il allait. Tout s’est très bien passé.
Production d’herbe
Kévin prend des mesures tous les lundis, du 1er février au 30 novembre.
En avril l’année dernière, la pousse était de 75 kg en moyenne. Cette année, en 2021, la moyenne se situe entre 35 et 40 kg.
Temps de travail
- Démarrage à 7 h : tri des nouvelles mères, séparation des veaux
- Traite : en 2×5, 3 h de traite, en branchement direct, pas de protocole particulier
- Alimentation des veaux, puis les génisses de 1 an
- Fin de la matinée à 13 h de février à mai
Questionnements et projets
- Kévin se pose beaucoup de questions sur la valorisation de ses mâles kiwis. Il réfléchit à un projet de vente directe pour valoriser le produit fini en bœufs à l’herbe.
- Les forces de la ferme pour la vente directe : route communale 1 000 voitures/jour et départementale 8 000 voitures/jour.
- Investissement pour la salle de traite prévu à l’hiver 2021-2022 afin de diviser le temps de traite par 2, car objectif de 110 vaches à traire en 2022.