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    Te Mania : l’Angus de sélection en milieu sec

    Lot des meilleures vaches de la ferme

    Située à 130 km au nord de Christchurch (île du Sud), entre mer et montagnes, la ferme familiale des Wilding, Te Mania, est considérée comme l’un des meilleurs élevages en sélection Angus de la Nouvelle-Zélande.

    Localisation de Te Mania Angus

    Tout commence en 1928, lorsque Edwin Wilding reçoit 4 Angus de bonne génétique en cadeau de mariage de la part de son beau-père. Aujourd’hui, ses petits-fils, les deux frères Wilding, conduisent 500 vêleuses Angus de haute qualité génétique sur 1200 ha en plein air intégral. Comme toutes les fermes du secteur, l’exploitation est composée de prairies, de vallées ou de bord de mer à bon potentiel et d’une partie montagneuse.

    La visite commence sur le site des ventes de la ferme. Il est dédié à l’accueil du public lors des ventes aux enchères.

    Ring de vente aux enchères de la ferme

    Bar pour la vente aux enchères

    Deux ventes aux enchères sont organisées sur la ferme chaque année : la principale en octobre pour vendre les taureaux de 2 ans et une autre en juin pour les mâles d’un an.
    Lors de la vente d’octobre, 150 taureaux sont vendus aux enchères. C’est l’occasion d’organiser une fête avec les agriculteurs et les locaux qui viennent profiter de l’animation autour des ventes. Près de 20 000 $NZ (12 000 €) servent à acheter de l’alcool pour l’occasion !
    Une partie des veaux, les moins bons génétiquement, est vendue en direct à d’autres éleveurs sans passer par ces ventes. Les génisses, quant à elles, sont vendues certifiées pleines à 2200 $NZ (1310 €).

    Nous retrouvons ensuite Will, un des deux frères, auprès de ses génisses pour une présentation globale de l’exploitation et de la conduite de la reproduction.

    L’exploitation en quelques mots :

    • 3 UTH + aide du père
    • 1200 ha dont 600 ha en montagne et 600 ha en vallée/plaine (dont 90 ha irrigables et 300 ha mécanisables)
    • 500 vêlages en septembre
    • Etés secs avec température maximale de 32°C (pas d’eau de Noël à mars)
    • Hivers doux
    • 800 mm à l’année
    • Interdiction de labourer pour limiter l’érosion

    Gestion de la reproduction et du renouvellement

    Les vaches sont inséminées sur le premier cycle au mois de novembre. Deux semaines après, les taureaux sont introduits dans le troupeau. Les génisses sont uniquement en monte naturelle avec des taureaux sélectionnés pour faire des petits veaux.
    La sélection des génisses a lieu à 15 mois. Un premier tri permet de conserver toutes les génisses de 1er cycle et les meilleures du 2nd cycle. Il est suivi d’un tri plus poussé, basé sur les caractères phénotypiques et génétiques.
    Afin de collecter un maximum de données, une première intervention est réalisée au vêlage : les veaux sont pesés, bouclés, affiliés à leur mère et un échantillon d’ADN est prélevé. La mère est pointée sur son pis, son comportement et la vivacité de son veau. La pesée se fait via un système incorporé au quad.
    Aucune pesée n’est réalisée en lactation, seulement à partir du sevrage. Ensuite, les jeunes sont pesés toutes les semaines sur les périodes de forte croissance.

    Lot de renouvellement

     

    Résultats techniques

    • Fertilité : 93 %
    • 50 génisses de renouvellement
    • Age au vêlage : 24 mois
    • Poids moyen des vaches au sevrage : 600 kg
    • Age au sevrage : 180 jours
    • Poids des veaux à la naissance : 36 kg
    • Poids des veaux au sevrage : 230 kg
    • Croissance moyenne des jeunes sur l’année : 1600 g/jour
    • Croissance la plus basse des jeunes : en été, 300 g/jour
    • Croissance la plus forte des jeunes : en automne, 2000 g/jour
    • Poids à la mise en reproduction des génisses : 300 kg

    La visite continue dans le pick-up de Will aux couleurs de la ferme. Nous partons en direction du dernier lot de vaches avec veaux (dernier cycle), qui seront sevrés dans les jours à venir, afin d’aborder la gestion de l’alimentation du troupeau.

    Pick-up aux couleurs de Te Mania

    A notre grande surprise, l’exploitation ne pratique pas le pâturage tournant dynamique ! Will nous donne une raison simple : « En Nouvelle-Zélande, tu ne peux vendre de la génétique qu’à des fermes avec un meilleur potentiel que la tienne. On cherche donc à conduire notre troupeau « à la dure » pour qu’il puisse exprimer tout son potentiel chez nos clients. »

    En effet, malgré cette conduite, les résultats de croissance et de reproduction restent très bons et les animaux issus de ce système « explosent » en arrivant dans une exploitation offrant une alimentation supérieure. Le plus marquant a été de voir des prairies équipées de pivots d’irrigation que l’éleveur refuse de mettre en route. Ceux-ci sont essentiellement utilisés quand les parcelles sont en betteraves fourragères.

    Système d’irrigation

    L’hiver, les montagnes (très portantes) sont utilisées pour l’hivernage des vaches jusqu’au vêlage, où elles vont rejoindre des parcelles en plaine, conduites par un système de couloir (fil avant/fil arrière). Chaque couloir est composé d’une partie en ray-grass et d’une autre en Kale (chou fourrager) afin d’offrir une alimentation équilibrée.

    Le troupeau est divisé en plusieurs lots selon les dates de vêlage : un lot est composé de toutes les vaches devant vêler sur une période donnée (1 semaine). De cette façon, chaque semaine, le lot ayant vêlé part pâturer les prairies autour de l’îlot de vêlage.
    Le sevrage a lieu à 180 jours (230 kg de moyenne). Les veaux stoppent le pâturage pendant 6 semaines et ils sont affouragés dans un paddock « parking » avec de l’ensilage et des betteraves fourragères. L’objectif est double pour les éleveurs : libérer des paddocks pour préparer les lots de vente de taureaux (qui ont lieu à cette période) et développer leur capacité d’ingestion avant que les bêtes retournent pâturer les prairies et les betteraves fourragères, tout en réalisant des croissances de l’ordre de 2 kg/jour (GMQ).

    Betteraves fourragères

    Une fois taries, les vaches rejoignent les montagnes pour toute la période d’entretien. Afin d’améliorer la flore, les éleveurs pratiquent le sursemis d’une manière assez originale. Des parcelles de trèfles pures sont implantées dans le bas des montagnes. Une fois que le trèfle est monté à graine, les vaches vont le pâturer quelques heures, avant de retourner dans la montagne et ensemencer via les bouses. Afin d’avoir une bonne répartition et un bon pâturage, le sel est placé sur la partie haute des paddocks de montagne et l’eau sur le point bas, favorisant les allers-retours.
    Les temps de retour entre 2 pâturages sont variables : environ 60 jours dans les prairies de plaine, 30 jours sur les prairies qui sont irriguées (si elles le sont). Les paddocks de montagne sont pâturés 2 fois dans l’année.

    Afin d’avoir une vue globale de la ferme et observer les flores des prairies naturelles, Will emprunte les chemins à travers la montagne pour nous emmener au sommet de son exploitation.

    Montagnes de l’exploitation

    En plus de la vue, une autre surprise nous attend : un repas dans leur « chalet » avec une vue superbe sur la mer et la montagne. Will et Tim nous offrent une partie de ball-trap avant de passer à table.

    Découpe de l’agneau

    Montagnes de l’exploitation

    Ce que nous retenons des exploitations que nous avons visitées, c’est l’importance de couper de la ferme, prendre du temps pour ses loisirs. Pour Will, ça se passe en mer : deux fois par semaine, il part naviguer avec son bateau. D’ailleurs, des 4 fermes visitées dans l’île du Sud, 3 possèdent leur propre bateau.

    Les points marquants :

    • La gestion de l’alimentation
    • L’état corporel des vaches en lactation dans les stocks sur pied
    • Les performances de croissance
    • L’événement autour de la vente aux enchères

     

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    Pierre-Moran Mouchardhttp://www.paturesens.com
    Passionné par l'élevage ovin depuis mon enfance, j'ai rejoins Paturesens en 2017. Depuis je sillonne la France à la rencontre des éleveurs pour les accompagner dans le développement des systèmes pâturant. En parallèle, j'élève 400 brebis en plein air intégral dans le nord du Puy de Dôme (700m), sur la fin du plateau des combrailles, une zone séchante et à faible potentiel où la production ovine est la plus adaptée. L'objectif : produire en adéquation avec le potentiel herbager de mon exploitation pour allier rentabilité, durabilité et qualité de vie.

    REDACTEUR

    Pierre-Moran Mouchardhttp://www.paturesens.com
    Passionné par l'élevage ovin depuis mon enfance, j'ai rejoins Paturesens en 2017. Depuis je sillonne la France à la rencontre des éleveurs pour les accompagner dans le développement des systèmes pâturant. En parallèle, j'élève 400 brebis en plein air intégral dans le nord du Puy de Dôme (700m), sur la fin du plateau des combrailles, une zone séchante et à faible potentiel où la production ovine est la plus adaptée. L'objectif : produire en adéquation avec le potentiel herbager de mon exploitation pour allier rentabilité, durabilité et qualité de vie.