Sevrage précoce plutôt que tardif
Déterminer l’âge au sevrage
La période de sevrage doit être fixée en fonction de l’allocation de la ressource pastorale. Si vous savez que la qualité et la quantité de la ressource pastorale posent problème à partir du mois de juin, alors le sevrage doit intervenir avant et la priorité nutritionnelle doit être donnée aux jeunes en croissance. Le principe est simple : plus tôt le sevrage intervient, plus l’efficience alimentaire est élevée car la qualité peut être allouée à la croissance des jeunes (ils gagnent de l’argent !). Après 5 ou 6 mois, la part de lait dans l’alimentation des jeunes ne justifie plus le maintien de la vache en lactation. Cela est particulièrement vrai dans des milieux où les pâturages ne restent pas verts toute l’année. Il faut donc sevrer les jeunes lorsque leur croissance devient plus rentable que le maintien de la lactation.
Les facteurs clés pour maximiser l’efficience de la croissance des jeunes
- Identifier les périodes limitantes (sècheresse estivale, hiver) ainsi que les périodes où la qualité et la quantité ne sont pas limitées. Déterminer le sevrage en fonction de l’allocation de la ressource pour les jeunes.
- Identifier les parcelles de sevrage pour répondre à la croissance post-sevrage ainsi qu’à la réduction de la pression parasitaire (strongles digestifs). Construisez une stratégie de sevrage en fonction des facteurs identifiés afin de minimiser l’influence de facteurs environnementaux.
- En règle générale, utilisez la combinaison des facteurs quantité, qualité et état corporel des vaches pour déclencher le sevrage le plus tôt possible :
– minimum de 120 jours ou 120 kg de poids vif pour le plus jeune des animaux du groupe sevré ;
– maximum de 8 mois en fonction des conditions pédoclimatiques et du marché ;
– lorsque l’état corporel des vaches descend en dessous de 2,5 NEC, car la reprise d’état des vaches coûte plus chère que la croissance des jeunes.
Le sevrage précoce comme outil de gestion
Le sevrage précoce est une stratégie de gestion importante en conditions sèches, car il permet une meilleure allocation des ressources alimentaires. Le sevrage des vaches va réduire leur consommation alimentaire de 3 à 5 kg de MS/jour. Cette économie de la ressource peut alors être utilisée pour la croissance des jeunes. Le sevrage est également un outil très performant lorsque les conditions climatiques se dégradent. L’anticipation et la planification restent très importantes pour assurer une alimentation convenable.
Comparons deux exploitations : la première réalise un sevrage à 8 mois et ils ont 100 vaches suitées. La seconde exploitation réalise un sevrage à 5 mois et elle détient aussi 100 vaches suitées. La surconsommation d’alimentation induite par la différence d’âge au sevrage est d’environ 27 000 kgMS.
De nombreuses expériences ont montré que les veaux peuvent être sevrés avec succès à 100 jours d’âge et à un poids aussi bas que 100 kg, à condition que l’offre alimentaire soit suffisante. L’alimentation offerte pour un sevrage aussi précoce doit atteindre 11,5 MJEM/kgMS et au moins 15 % de protéines brutes. Pour faire simple, cela correspond à une prairie composée de 40 % de légumineuses et moins de 10 % de matière morte, des plantes en phase végétative à croissance rapide.
Peterson et al. (1987) ont rapporté que des jeunes sevrés plus tôt étaient 43 % plus efficaces dans la conversion des nutriments digestibles que des jeunes sevrés tardivement.
Le sevrage précoce des veaux a également des avantages pour les vaches : une réduction de la perte de poids pendant la lactation, une NEC plus élevée et des intervalles de vêlage nettement plus courts.
Les conditions pour optimiser le sevrage
- Dédier des prairies qui n’ont jamais été contaminées par des animaux suités.
- Dédier les zones les plus riches de l’exploitation.
- Changement toutes les 24 heures pour fournir d’une part la meilleure qualité possible, mais aussi pour favoriser le contact avec l’homme.
- Les jeunes sevrés doivent avoir reçu une alimentation riche avant le sevrage afin de réduire les transitions alimentaires.
- Ne pas imposer de transition alimentaire lors du sevrage.
- Sevrer les jeunes sur une partie de l’exploitation où ils ne pourront ni entendre, ni voir, ni sentir leur mère.
- Avoir des clôtures « étanches ».