Dans la Manche, découvrons le parcours atypique de François, avec une grande évolution de son système de pâturage en fin de carrière.
François pourrait partir à la retraite, avec la conscience tranquille, mais à 58 ans, toujours concerné, il s’inquiète de “la déprise laitière” de son secteur qui pourtant possède des atouts pour mener un bel élevage laitier avec des débouchés et un contexte pédoclimatique favorable. Il est convaincu que le pâturage est une des solutions pour sauvegarder l’élevage et il le fait savoir à qui veut bien l’écouter, notamment aux jeunes éleveurs de sa laiterie et de son entourage. Il n’hésite pas à prendre son téléphone pour proposer les formations qu’anime Valentin Lemarquand, formateur conseiller Paturesens, du secteur d’Isigny sur Mer.
LE SYSTÈME EN BREF :
- 110 VL 100% Normandes
- 575 000 L ( 550 000L en 2019 ) Vente du lait pour production en AOC avec la laiterie Isigny Sainte Mère : Camembert Lait Cru ; Beurre – Crème ; Pont-l’évêque ; Mimolette label rouge.
- 18 ha de Mais ; 6 ha de blé ; 5 ha trèfles violets
- Vêlage étalé
- Complémentation : maïs ensilage/enrubannage
ÉVOLUTION DU SYSTÈME
- Pâturage du 4 février au 23 décembre
- Depuis 4 saisons, le silo est fermé 3 mois dans l’année
- Mise en place du système pour les génisses
- Printemps 100% herbe
- Allongement de la saison l’été
- Il vend du maïs à l’extérieur
Les années 90 : Quand la grande Histoire agricole s’en mêle
C’est en 1987, qu’il s’installe sur la petite ferme familiale avec 42 ha. Il a connu l’instauration des quotas en 1984 et l’arrivée de la PAC en 1993, qui a considérablement changé le paysage agricole de la région. “J’ai marché dedans aussi, c’était comme ça, tout le monde nous poussait. J’ai cherché les primes, j’ai fait du maïs, du blé, des taurillons, j’ai labouré les prairies”. On ne sent pas de regrets, il est du genre à aller de l’avant, à chercher des solutions pour s’améliorer et pour ne pas refaire les mêmes erreurs.
Les conditions de cette PAC ont été un frein au développement du pâturage, mais elle a quand même permis à certains de vivre selon lui. “Il ne faut pas jeter la pierre aux éleveurs. Dans la région, il faut garder en tête que pour beaucoup nous avions hérité de fermes morcelées. Chacun faisait avec ce qu’il avait. Donc, avoir 10 Ha de maïs à 10 km c’était la possibilité aussi de faire du stock pour les animaux. »
Malgré ces trois paramètres : une PAC ne favorisant pas le pâturage ; des fermes morcelées et un manque de formation sur le pâturage, François garde en tête qu’il peut mieux pâturer.
“J’avais toujours dans ma tête le pâturage, j’essayais des choses, mais ce n’était pas terrible, je savais que je pouvais faire autrement, mais comment ?”
2007 : Le déclic : Pourquoi ne pas faire comme nos voisins outre-manche ?
En 2007-2008, son fils part étudier en Angleterre dans un lycée agricole. Chose particulière, il avait là-bas des professeurs de pâturage ! Avec son épouse, ils voyagent outre-manche et visitent des fermes.
“Je voyais leurs magnifiques prairies et les animaux dehors. C’était le moment de faire plus de pâturages pour moi. J’en avais marre de plus d’intrants, de plus de matériel, plus de bâtiments… Je ne voulais pas aller où l’on nous emmenait.”
À cette époque, il n’y avait pas de conseiller formé pour accompagner sur la gestion du système pâturant et certain “ne voulait pas en entendre parler. Personne ne pensait à améliorer le pâturage, on était m...