Sélection au sein d’un système contraint
Les systèmes d’élevage occidentaux et néo-zélandais traditionnels diffèrent fortement. En Europe et aux USA, les vaches ont des lactations longues (360 jours contre 235 en Nouvelle-Zélande) et sont alimentées généreusement. Au niveau de la reproduction, le système n’étant pas saisonné, les performances de reproduction sont peu restrictives.
En Nouvelle-Zélande, 90 % du lait est produit entre le printemps et l’automne. Ainsi, les vaches consomment majoritairement de l’herbe pâturée au cours de la lactation. Les conséquences sont les suivantes :
– l’herbe pâturée représente entre 70 et 90 % de la ration annuelle ;
– la variation de croissance de l’herbe impose aux vaches de faire face à des déficits d’alimentation temporaires pendant la lactation ;
– les vêlages étant groupés, les vaches doivent être gestantes rapidement pour maintenir le système ;
– la taille des troupeaux et une main d’œuvre réduite favorisent une traite rapide des vaches.
Il est à noter que les taux de renouvellement observés en NZ sont de l’ordre de 15 à 20 %. Les génisses de renouvellement sont issues des premiers vêlages du troupeau, donc des animaux les plus performants. Par conséquent, du fait des contraintes fortes du système, une sélection indirecte sur la reproduction a lieu.
Histoire de la sélection des races néo-zélandaises
La sélection génétique moderne permettant de sélectionner directement les caractères d’intérêt est venue se greffer à la sélection indirecte résultant du système de production.
Entre 1953 et 1992, seule la quantité de matière grasse était évaluée. Par la suite, les quantités de lait et de protéines ont été intégrées dans un index synthétique lié au produit d’exploitation. Plus récemment, l’évaluation génétique du poids vif et de critères de santé (fertilité, cellules) a permis de construire un index lié à la rentabilité des exploitations. L’ensemble des races sont évaluées sur ce même index.
Les poids économiques affectés à chaque index élémentaire sont les suivants :
Ces poids économiques sont établis à partir d’une quantité de fourrage disponible limitée à 4,5 T/an. Le graphique ci-dessus reflète le système d’élevage NZ : augmenter la rentabilité des exploitations suppose de sélectionner des critères de qualité (matière utile) en gardant une quantité de lait constante. La diminution du poids vif permet, elle, de réduire le besoin d’entretien. Enfin, les caractères fonctionnels mettent en évidence l’importance de la fertilité, de la longévité et de la santé de la mamelle.
Les performances actuelles du troupeau néo-zélandais
Les performances ci-dessous sont obtenues avec une ration composée de 70 à 90 % d’herbe pâturée. L’effet de la sélection sur les quantités de matière est clairement mis en évidence avec des taux de matière utile compris entre 81 g et 100 g/litre de lait.
Le poids des races néo-zélandaises oscille entre 400 kg et 489 kg. L’efficacité de transformation atteint plus de 800 g de matière utile/kg de poids vif pour la jersiaise. A titre de comparaison, une prim’holstein de 650 kg doit produire 7000 L de lait à TP 38 g/L et TB 32 g/L pour avoir une efficacité équivalente.
L’intervalle entre les vêlages, fondamental avec des vêlages groupés, est très proche de l’idéal de 365 jours avec 369 jours en moyenne pour l’ensemble des races. Ces performances sont le fruit d’un niveau de technicité très élevé et d’une génétique performante.
Comparaison de rameaux holstein néo-zélandais et nord-américains
Afin de vérifier la pertinence de l’utilisation de taureaux prim’holstein dans les systèmes très herbagers néo-zélandais, Kolver et al. (2000) ont mis en place un protocole pour comparer les performances de vaches issues de taureaux holstein néo-zélandais et de vaches issues de taureaux prim’holstein en système très pâturant.
Avec une ration composée de 80 % d’herbe, la holstein néo-zélandaise est plus performante. En produisant moins de lait mais plus de matière utile, elle conserve un état corporel adéquat et est apte à se reproduire rapidement.
Intérêt du croisement
Le croisement permet de bénéficier de l’effet d’hétérosis. Cela signifie que l’individu croisé a de meilleures performances que la moyenne de ses parents.
Concernant les rameaux néo-zélandais, l’effet d’hétérosis est de l’ordre de 4 % pour les animaux de type holstein NZ x jersey. De façon générale, l’effet d’hétérosis est plus élevé pour les caractères les moins héritables (graphique ci-dessus) et lorsque les races parentales sont plus éloignées génétiquement (tableau 7).
Conclusion
Le pâturage en Nouvelle-Zélande a fortement contraint l’évolution de la génétique néo-zélandaise. Les vaches produisent beaucoup de matière utile au détriment de la production laitière. Par conséquent, leur aptitude à se reproduire est très bonne. Cela permet de maintenir les vêlages groupés tout en assurant un taux de renouvellement d’environ 18 %.
La conversion vers une ration avec davantage d’herbe pâturée sera donc d’autant plus efficace que la génétique est adaptée.
Bibliographie
- W.A Montgomerie, 2002. Experiences with dairy cattle crossbreeding in New Zealand. European
- Association for Animal Production
- Dairy NZ, LIC, New Zeland Dairy statistics 2011-12. Holmes C. W., 2000. Milk Production from Pasture
- Kolver et al., 2000. A comparison of New Zealand and overseas Holstein Friesian heifers. Proceedings of the New Zealand Society of Animal Production 60: 265-269
- Institut de l’élevage, France Contrôle Laitier, 2014. Résultats de contrôle laitier des espèces bovines, caprines et ovines.