Lorsque les prairies ne sont pas correctement gérées, les animaux sélectionnent en permanence les plantes les plus appétentes et digestes. Cela conduit à surpâturer les meilleures plantes et donc à favoriser les plantes indésirables. Comme nous l’avons déjà mentionné, les plantes surpâturées ont un système racinaire moins dynamique, ce qui les empêche d’être concurrentielles. Les mauvaises plantes, elles, développent un système racinaire plus profond et ont donc un avantage évident pour obtenir de l’eau et des nutriments, particulièrement lors des périodes de sécheresse. Elles vont aussi pouvoir se reproduire et prendront leur place dans la pâture.
Les images ci-dessous montrent les effets de la méthode de pâturage sur l’interaction concurrentielle entre les plantes.
- Les espèces indésirables ont un avantage pour utiliser l’eau et les nutriments en pâturage continu.
Figure A : le surpâturage et le pâturage continu réduisent la biomasse racinaire des espèces productives à cause de la sélection opérée par les ruminants.
Figure B : dans des conditions défavorables, la perte de la biomasse racinaire liée à l’action de surpâturage (A) réduit et pourrait même faire disparaître progressivement les espèces productives.
Figure C : de longues périodes de repos et de courtes périodes de pâturage très intensif permettent aux plantes de former un système racinaire sain, et ainsi de devenir plus vigoureuses et compétitives face aux espèces indésirables.
Appliquer beaucoup de pression animale pour consommer les refus (B) peut impacter la santé de l’écosystème de manière plus prononcée que le pâturage continu (A). De façon répétée, cela peut réduire la biomasse racinaire et la profondeur, tout comme la couverture du sol, menant à de plus grandes fluctuations de température dans le sol, des niveaux d’humidité plus faibles, la réduction de l’activité biologique et la perte de capacité à recycler les nutriments. Les espèces ne peuvent pas survivre dans ces conditions. Pour que les plantes les plus bénéfiques puissent proliférer, être vigoureuses, repousser rapidement et établir un système racinaire performant, il faut permettre aux pâtures de repousser entre les périodes de pâturage, ne jamais surpâturer ou sous-pâturer, et la nature fera le reste (C).
La gestion des pâturages est le moyen le plus efficace de réduire les mauvaises herbes. Ces dernières sont de nature opportuniste et sauront, par la force des choses, concurrencer avec succès les espèces fourragères pour la photosynthèse, l’espace, l’humidité et les éléments nutritifs. L’accent devrait être mis sur l’augmentation de la production de biomasse, qui est obtenue en optimisant les conditions environnementales (fertilité du sol, humidité…), en sélectionnant les espèces prairiales les plus adaptées (type de sol, climat), ainsi qu’en gérant les résiduels grâce au pâturage.